19 juin 2011

L'art contemporain, so gay.




Je bosse dans le milieu depuis quelques années maintenant, d'ailleurs vous noterez que ma déformation professionnelle me pousse à dire "milieu" et non "branche", ou "spécialité", car oui, on parle bien de milieu (Does it ring a bell ?). Alors des moments cocasses, j'en ai quelques uns en stock.  Morceaux choisis.


"Vous trouvez pas qu'elles font lesbiennes ?"
Mr Trodlatune, travaille dans la finance, 42 ans, marié, trois enfants. Mr. regarde les tableaux que ma galerie présente et s'arrête avant une représentation de deux copines, se taquinant en pleine rue. Sérieusement, pas de quoi fouetter Delanoë. Mais Mr Trodlatune, joyeux troublion, aime s'encanailler, et m'achète donc mon tableau, ne sachant plus comment se retenir de me dire "J'espère que ça donnera des idées à ma femme !!" Wonder Tata, super actrice, feint une franche rigolade devant un humour si plein de finesse, en lui tendant sa facture, parce que ouai, moi ta vanne pourrie, rien à foutre, moi je veux ta carte amex.


"Comment on dit 'boyfriend' en français  ?" 
Lorsque l'Ambassadeur d'un pays du monde arabe rentre dans la galerie, la coutume veut que tu t'écrases. Tu souris, surtout, tu fais bien la potiche. Ces gens-là ont de l'argent, arrrgeeent comme dirait Mopral. Après avoir fait son petit shopping à trois zéros, il me dit :
- "Rah Madimoiselle, vous êtes célibataire ?
- Euh oui...
- OH ! Nan j'y crois pas !
- Non, mais pour le moment !
- Ah oui!  Il faut vous trouver un... un... comment on dit 'boyfriend' en français  ? Il vous faut un boyfriend qui se rende compte à quel point vous ziètes gentille  car vriment, j'insiste, vous ziètes une perle rare Madimoiselle!
- Merci Monsieur l'Ambassadeur..."
Je prends mon portable, écris à mon crush du moment : "Tu devineras jamais ce que l'Ambassadeur vient de me dire... Parait que je mérite un super boyfriend *wink wink*"...


"Viens me sauver, il me colle aux baskes celui-là !"
Mise en situation : nous sommes en plein vernissage, l'ambiance est chaude..  humide..  L'alcool coule à flots, et je commence à parler aux clients de façon très "moi" : "Non mais attendez, aujourd'hui les gens vous vendent des conneries à un prix exorbitant, quand je vois des galeries soit-disant d'art qui vous vendent des tirages photos en 100 exemplaires comme tirages d'art, j'ai envie de vous dire, oui Monsieur, arrêtez de vous faire prendre pour un con  !!!" Et généralement, ça fait plutôt sourire de voir ce petit bout de femme qui dépasse pas le mêtre soixante aux joues toutes roses s'exciter comme une puce sur les injustices de ce monde. Ce soir-là, un grand gaillard me colle. Il me trouve surement passionnante, fort bien pour lui, mais après lui avoir fait visiter ma galerie deux fois, j'ai plus grand chose à lui dire...  Je profite de mon verre de vin vide pour m'échapper : "N'a-t-on jamais vu un verre vide !! Je reviens !" Et jamais femme ne reviendra. Derrière la table des collations, ma collègue vogue.
- "Viens me sauver, il me colle aux baskes celui-là !
- Qui ça ?!
- Le grand là ! Tout en noir  !... Putain, il se ramène, j'te jure qu'il veut me troncher!!"
Elle éclate de rire devant mon air de jeune vierge effarouchée, et alors qu'il vient s'installer près de la table, je ne laisse aucune chance à ma collègue...
- "Ne vous ai-je pas présenté notre responsable artistique ?, lui dis-je.
 - Non, je n'ai pas eu cet honneur...
- Tiens, nous parlions justement de la difficulté de trouver des artistes de talent.. "
Superbe démarrage de conversation, je m'auto-congratule de la trouvaille, et feignant avoir du mal à ouvrir une bouteille de vin, je m'extirpe de l'espace exigu et oppressant de cette table, pour aller rejoindre...

"Elle te plait l'assistante, hein ?!"
... Mon autre collègue, en charmante compagnie, très charmante la compagnie. Je me terre parmi ce petit groupe à part, composé de la plus rock'n'roll de mes coworkers, de l'attachée-presse et de son assistante. Assistante dont le charisme exotique ne me laisse pas du tout de marbre, et alors, je me perds dans ce parfum ambré et délicat qui m'englobe désormais. Nous commençons à casser du sucre sur le dos des concurrents, soyons honnêtes, ça détend. Mais c'est qu'elle a une superbe voix grave et posée, l'assistance..  Miam Miam.. La discussion s'éternise, j'adore, mais voilà le temps venu de se dire au revoir. Toute la soirée, j'ai tenté des regards indiscrets par dessus les épaules pour avoir à me gargariser de ma Saveur venue d'ailleurs. C'est donc  le visage taillé d'un demi-rictus que nous nous faisons la bise.
Zut, mon téléphone sonne, texto, mon crush du moment qui m'écrit. Ma collègue me souffle à l'oreille tout en se marrant "Arrête d'écrire à des filles !":
- "Boarf tu sais, je suis même pas sûre que ça vaille le coup.. Dis-donc, t'as vu l'assistante ?
- Elle te plait l'assistante, hein  ?! Hahaha
- Bah franchement, si on était dans une autre civilisation où tu peux balancer au milieu d'un vernissage ' Eh au fait, je suis gay et tu me plais, on va boire un verre ?', j'me serrais pas gêné ma poule !"
Faut dire que l'assistante, elle est quand même très mignonne, avec ses petits talons, son rictus et ses yeux de velours. Mais dans son petit slim, j'ai aucun moyen de savoir si elle joue la carte Incognito comme moi.  Suite au prochain vernissage.

"T'es au courant que t'es qu'une grosse pute ?"
Quittons mon merveilleux vernissage pour une réunion pré-salon. Ce jour-là, je me suis réveillée dans les bras de ma toute nouvelle chère-et-tendre, accessoirement ma supérieure sur un salon d'art contemporain.  Non mais arrêtez, c'est méga hot de se troncher sa boss ! Après ce que la nuit avait apporté de réjouissances, nous voilà assises en hémicycle, nous stagiaires, face à nos deux grands patrons, et ma dite supérieure. Parce que je suis très bonne élève, je m'assois au premier rang. Parce que je suis très mesquine, et qu'elle est encore dans le placard, je tapote discrètement le bout de mes doigts sur ma bouche, comme impatiente.  Je croise son regard, hume le bout de mes doigts.  Elle étouffe un rire, noie le poisson dans la sacro-sainte toux. Les joues rougissantes, elle prend la parole pour nous expliquer nos rôles sur la manifestation. Elle expédie, rapide et efficace, et surtout, en me chassant de son champs de vision . Réunion achevée, elle me tire par la manche, vite, vite, me traine derrière un stand, "T'es au courant que t'es qu'une grosse pute ?" " Héhéhéhé.. " " Non, mais toi, j'te jure.."


Allez, soyons généreuse, en bonus, Tata au Léviathan d'Anish Kapoor. Art Contemporain, so chic.  

30 mai 2011

Tata, catapultée dans Hétéroland.

Samedi soir, grosse réunion entre anciens de promo chez Flo, ma grande pote, royaliste par erreur. Dispersés à travers l'Europe, à travers la France, c'est toujours un grand moment d'émotion quand on arrive à tous se capter pour une soirée. Me voilà donc prête, plus que prête à passer une excellente soirée.
Nous sommes une petite quinzaine, mais tous bien éméchés. Au milieu des anciens, sont les nouveaux, les potes de potes, des inconnus au bataillon que l'alcool rend très sociables. Alors que je suis en tailleur, en face de la table basse (restons près des bouteilles) à enfiler mon 5ème shot de Goldwasser, les langues se délient, et les gens font allusion par dessus mon épaule de ma goudouattitude, à coups de blagues pour initiés.

Deux beaux mâles de ce qu'on fait de plus BCBG, des nouveaux arrivés, se lancent des regards intrigués.
R., coincé dans son costume sombre, se jette à l'eau : "Mais genre, Tata, tu fais des calins à tes copines"
Tata ( bourrée ) : Bah ouais !
R. : Mais genre souvent ? Tu câlines tes copines comme ça ?  (Tête de l'homme qui prépare son plan à trois)
Tata ( toujours bourrée ) : Bah ouais !!!
Flo (Toujours extrêmement distinguée) : Non mais cherche pas, elle est lesbienne  !

Enfer et Damnation, elle est quoi ? Monsieur se décompose, ou presque, devant le couperet qui vient de tomber. Bon, il faut dire que quand je suis bourrée, je suis très câline, et alors que R. essayait de se regrouper les émotions, Flo. passait par là, et je me suis empressée de lui faire un gros câlin, "Oui, Tata, elle aime ça", dis-je en me roulant dans les épaules de Flo. On va dire que relier le son à l'image était pas forcément une des idées les plus judicieuses que j'aurais pu avoir  !

L. regardait la scène, et pour un blondinet d'apparence on ne peut plus sage, profite de la bonne humeur régnante  et enchaine.
L. : " Alors moi, je me suis toujours posé une question, entre hmm...  entre filles, vous utilisez des godes ?"

Et voilà !  Et ca y est, Tata, catapultée dans Hétéroland, allons-y gaiement pour les remarques qui ont les clichés au bord de la bite, voir la moule au bord des yeux. On me demande si c'est vraiment possible de convertir les femmes comme des euros, si on a des trucs qu'eux savent pas faire. Qu'est ce que c'est fun une lesbienne disponible en soirée !!
Alors je répond, surtout amusée, car au delà du machisme voir, de la bêtise, ce qui me chagrine le plus est l'ignorance des gens sur ce que ça fait, d'être gay.  Mes copines hétéros me rétorquent souvent que les relations hétéros et homos sont toutes aussi compliquées. Et souvent, je leur répond que chez les hétéros, t'as un mode d'emploi très sommaire, en mode Ikéa, qui t'indique à peu près comment tu t’emboîtes, et le reste est au génie du client. Nous, on a des morceaux de bois tous identiques et de la super-glue, rien qui s’emboîte, et démerde-toi avec ça. D'ailleurs, ça expliquerait peut-être notre capacité assez phénoménale de s'attacher à des meufs qui veulent pas de nous, et à ressasser des ruptures pendant plus de temps qu'il n'en faudrait. Je me retrouve donc avec mon pot de colle et mes mikados au beau milieu de cette soirée en expliquant qu'au delà d'une pratique sexuelle, pour moi, c'est un art de vivre, une autre façon de penser, et qu'il faut que ça rentre dans leurs petites têtes de testostéronés. Ouais, je sais, défi...

Expliquer, faire comprendre, c'est mon crédo pour m'intégrer chez les hétéros. Bien sur qu'être gay, ça fait de moi quelqu'un d'à part, de différent, mais on est tous différent. C'est mon histoire, au delà de mon sexe, c'est mon coming-out, le faire accepter au boulot, c'est une liste non-exhaustive que les hétéros ne connaîtront jamais. C'est pas parce qu'ils ne connaîtront pas qu'ils ne peuvent pas le comprendre. On demande de la tolérance, le droit d'être comme tout le monde, mais qui prend sérieusement le temps de répondre avec écoute et compréhension ces questions horribles et débiles ?

Dans mon école, il y avait cette jeune fervente catholique, qui avait même monté une aumônerie sur le campus. Ceci dit, nous étions dans la même classe, et aussi au courant l'une que l'autre de nos situations et croyances respectives, nous partagions le même sens de l'humour. Un jour, elle me rencarda dans un café, elle voulait "comprendre" comme elle le disait si bien. "Mais pourquoi ? Pourquoi toi ?  Je ne comprends pas... Tu ne fais tellement pas...  Lesb.. Je peux même pas le dire, non sérieusement, je ne comprends pas." En voyant l'incompréhension dans ses yeux, et touchant l'honnêteté de sa démarche, j'accepte de répondre à ses interrogations. Je lui explique que ce n'est pas un choix, comment ça pourrait l'être ?  Qui se réveille en se disant que, pour le fun, on prendrait bien le risque de se brouiller avec sa famille, ses amis, voir pour certains, même se faire mettre à la porte, risquer de foutre en l'air sa vie pour ce qui se passe uniquement dans son pieu. Non, ça n'est pas un choix. Ce que je ressens ?  Je ressens que ça me semble si naturel, d'être attirée par les femmes, que je ne comprends pas pourquoi certains en font un péché. Que si je pense comme elle, je ne comprends pas ce qu'elle aime chez les hommes, car moi, cette pratique-là me dégoûte. Elle semble perplexe, mais elle comprend, de loin, ne partage pas, mais c'est toujours ça de pris.
Avoir des gosses  ? Bien sur ! Moi, j'ai été élevé par une mère célibataire qui enchaîne les amants, entre les bouteilles de vin qu'elle se siffle seule, alors qu'on m'explique en quoi c'est plus sain qu'une famille homoparentale stable, sous prétexte que ma mère est catholique ? Elle me dit que je tombe dans les extrêmes, et j'essaye de lui faire comprendre que le conscient commun nous plonge, nous les homos, dans un extrême sexuel qui ne nous représente pas, ou si peu. Je suis née dans une famille plus que bien pensante qui cache ses travers pour que les ragots ne circulent pas pendant la messe, je ne suis pas née d'homos, mais bien d'hétéros. Que si elle reste convaincue que l'homosexualité dépend de l'éducation qu'on nous donne, qu'elle commence à éplucher les enfants des églises, qui ont été traînés comme moi écouter la Bible.
Depuis, on rigolait toujours autant, mais après notre diplôme, elle a préféré partir au couvent (oui, ça arrive encore.) Je lui ai écris, mais elle n'a pas le droit de répondre encore, ça se passe comme ça, là-bas. Je dois dire que je suis plutôt fière d'avoir réussi à avoir un dialogue calme, tranquille, compréhensif, avec une fille qui est aujourd'hui nonne. En acceptant la beauté de sa dévotion sans juger, elle a accepté mon gout pour les soirées bourrées à me vautrer dans les seins de toutes les filles.

Si ça, c'est pas de l'amitié !!!

12 mars 2011

70's Vixen : Good Girl, Wrong Time

Je veux vous expliquer ma playlist absolument atroce que vous pouvez voir sur le côté droit de votre écran. 


Tout a commencé à cause de mon padré olé, qui me calait devant Priscilla Folles du Désert et Muriel's Wedding à la quasi-sortie du berceau. Détail que je me suis empressée de conserver lorsque viendrait la question du "Mais qu'avons-nous loupé dans ton éducation" post-coming-out. Et le dit père, qui plus est coiffeur, avait tout un tas de tissus pailletés pour ses défilés de haute-coiffure. Là, c'était comme un peu gravé dans le marbre, mon sort scellé à jamais. Comme c'était pas franchement comme chez les Rotchschild, ils me laissaient danser devant la téloch, et je finissais par connaitre par coeur la chorégraphie de Toni Colette sur Waterloo, et comme je faisais à peu près un demi-quintal à l'époque, je me fondais totalement dans le personnage, la réincarnation française de Muriel, c'est moi. Braves innocents, ils n'avaient aucune idée du diable qu'il avait mis au monde...  
10 ans plus tard, et après avoir usé jusqu'à la pochette mon best-of ABBA GOLD, ils se sont résigné. Ça ne passera pas, le disco est en moi. Aux 18 ans de ma meilleure acolyte, son père devait me raccompagner chez moi à 2h du mat, après une nuit endiablée dans une salle des fêtes du sud toulousain. Autant vous dire qu'il faisait pas le fier avec moi sur le côté passager, en costume de Donna Summer, mini-jupe à paillettes rose bonbon, permanente, lunettes en plastique rose, et un top en soie noire. C'est vrai que vu comme ça, ça faisait plus pute que Donna Summer, mais après tout, le Studio 54 était un peu bitchland. Je vous jure qu'il m'en a parlé y'a 15 jours, traumatisé le brave bonhomme. Quand de retour à la casbah, mes parents découvrent le déguisement par la même occasion, les derniers espoirs ont été réduits à néant. A jamais. 
Dans ma famille de pervers, au delà du frangin et ses pornos planqués sous le lit, il y avait dans la cave une grosse caisse avec des vixen, comme je les appelle. Des vieux magazines des années 70, quelques DVDs achetés y'a pas si longtemps, mais que le vieux espérait garder secret apparemment. C'était sans compter sur Wonder Tata, pseudo Lois Lane de la nouvelle ère. 


Tous ces corps bien en chairs, ces peaux Titen inspired, c'en était trop pour moi, je me déconfis. Avec mon petit appareil photo tout naze, je commence à me prendre pour Vixen Tata, super héroïne de roman-photo porno perso. Le diable du disco, de la libération sexuelle, et surtout l'esprit de Gloria Gaynor avec moi, je me shoote.






22 février 2011

Soyons superficielles : Psychoanalyse des fringues.

Je lisais sur Têtu.fr que dans un certain milieu, ne pas porter son homosexualité sur soi, c'est comme une mini-trahison. Pour avoir été verbalement lapidée à la GayPride, je confirme.
Wonder Tata ( surnom auquel il va falloir t'habituer) détendue, je me baladais main dans la main avec ma copine de l'époque, vraiment en toute décontraction. Quand tout à coup, sortie de la foule comme le démon surgirait de l'Enfer, une goudou de ce qu'on fait de plus goudou perce de sa voix grave et rauque le bruit ambiant par un "Salope  ! Si toi t'es gay, moi je suis hétéro  ! Un peu de respect merde !"
Estomaquée, la Wonder Tata. Je suis plutôt du genre couillue, mais là, séchée. Comme une morue dans un marché portugais en plein mois d'août. Je suis donc restée muette dans ma petite robe noire et mes espadrilles à compensées - j'vous ai dit que j'avais des goûts douteux ?!-. Alors, on m'avait déjà traitée de salope, de fantasme pour pervers ambulant, de bissexuelle refoulée, mais d'hétéro ?! DIANTRE !


Donc voilà, j'ai les cheveux très longs, je me maquille, je porte une robe et des talons, alors je suis forcément une erreur de jugement. Le service militaire du sexe pour lesbiennes s'apparenterait donc vraiment à une tondeuse sur la moitié du crâne, un baggy et un sweet à capuche décoré de badges multicolores ? 
Google est ton ami, je cherche Lipstick, Butch, Androgyne... J'essaye de comprendre. Dans ma petite enquête, j'en suis arrivée à ça : 


Lipstick lesbienne qui revendique sa sexualité via de gigantesques Louboutin, en mode je suis bonne et je t'emmerde. Peut éventuellement être plus cool que ça, Zara peut convenir, mais surtout pas le Zara Basic...

Androgyne ... qui est pour les Androgyne. Apparemment, ce serait elles qui aurait le beau rôle avec une revendication du " pas d'étiquette". Tantôt très dandy, tantôt en remake d'une Audrey Tautou longiligne. Mais il ne faut surtout pas négliger la classe, en aucun cas.

Butch Têtes pensantes du mouvement GoudouPowerForce, on rase à donf, on marcelise en blanc, on baggyse à mort. Y'a pas de mal à faire mec, après tout, c'est comme ça qu'a commencé le féminisme. Ça me fait juste mal au cul que certaines masculinisent plus que les hommes eux-mêmes. Pourtant je bosse en face d'un magasin de protéines, j'en vois passer de la testostérone ! 

Et moi dans tout ça ?
Pouf pouf pouf, que choisir...  Je passe photo sur photo dans Google Images, sur ma main, une grosse bague en diamants qui cliquette sur ma tasse de café froid. J'dois être Lipstick alors ? Dans les critères, je vois : très féminine, voire à outrance, nouvel art de vivre pour les lesbiennes à l'américaine. Sur le coup, t'es bien contente d'avoir enlever ton vernis couleur "Candy Pink" la veille, car honnêtement, faire partie de la nouvelle vague de revendication et de démocratisation de Mademoiselle L, ça fout un peu les pétoches. J'veux juste être moi-même au fond.
Alors Tata, pas peur des pressions gouvernementales, décrète le sweet à capuche tous les lundis, mon jour de repos. Pas sur que mes chers patrons apprécient la roots-attitude dans leur galerie d'art. Non mais c'est vrai, quand je vois des Lipsticks outrancières, plus proche de l'agression visuelle que d'un réel fantasme, ça te passe l'envie d'être sexy-bonnasse. Surtout quand elles passent plus de temps à contempler leurs chaussures plutôt que de se remplir le cerveau. J'en ai rencontré quelques unes de ce genre-là : autour d'un café /mojito plutôt sympa, elles sont souriantes, belles, sympathiques. Mais dès que j'aborde un sujet un peu délicat où il faut prendre position, il reste les traces de talons aiguille dans le parquet. Alors je laisse un pourboire à la pauvre femme de ménage qui devrait lutter pour les enlever, en priant le ciel que la prochaine fois, elle ne fera pas qu'acquiescer, la belle brune, quand je lui demanderai son avis sur les sujet de société.
Pour ça, je me sens plus proche de la Butch. C'est vrai que j'ai mes grandes idées et mes rêves, à concrétiser coûte que coûte. Que je ne suis pas là que pour les fesses, mais aussi pour faire avancer la cause. Dilemme dilemme... Et toi, tu me caserais où ?!  

9 janvier 2011

Tata's on fire !





Pourquoi ?
Du fin fond de mon petit patelin dans les Pyrénées fort campagnardes, j'avoue, à part une actrice X très très salope, le mot lesbienne n'évoquait pas grand chose pour moi sinon les magazines porno que mon grand-frère cachait sous son lit sans savoir que sa petite-soeur aussi se touchait dessus. Question de partage familial, ne soyons pas jaloux. Aussi débile que ça sonne, un jour, j'ai ouvert TéléStar avec un gros encart qui a littéralement agressé mes yeux : "The L Word, la gay-attitude venue d'Outre-Manche". Quoi, quoi, quoi ? Canal Plus passe du hard en prime-time  ? No way... J'ai matté les premiers épisodes diffusés un peu en douce, tant bien que mal, dans le noir, sur le grand écran plasma familial. Forcément, c'était couru d'avance, grillée par ma mère et ma "série de zouloutes" devenait sa préoccupation première, au delà du BAC dans quelques mois. J'ai cogité les quelques images que j'ai pu sauvegarder dans mon cerveau 2.0 : ça serait donc la réponse toute bête à mon mal-être, à cette langueur monotone, comme dirait l'autre, que j'ai toujours plus ou moins eu, comme un flegme vital à mon être autant qu'indésirable ?  C'est quand même stupide qu'une série-télé, qui plus est amerloque, trouve la solution à 15 ans de déprime... Soit. Ça doit être une illusion. Ou pas. Surement pas en fait. Ouai, en fait, non. Quelques mois plus tard, tout était devenu clair: avec ce nouveau paramétrage sexuel, j'étais fin-prête pour vivre ma vie. Je googlelais The L Word, trouvais un forum rudement poilant. Mon dieu, mais en plus, ça communique, une "lesbienne" ? Vite fait, bien fait, je me liais d'amitié avec quelques nanas, une me branchait pas mal. Ça s'engage bien, elle est belle, elle est blonde, elle est drôle... Tata fond. Et en avant pour une toute nouvelle vie de pirate du sexe, ô moi, prude Tata !

Comment  ?
Alors oui, forcément, au début, c'est tout beau tout neuf ! T'as envie de dire à tout le monde à quel point ta dulcinée est géniale et t'y arrives pas forcément. J'avais pas toujours envie d'en parler, d'ailleurs. J'étais vraiment mitigée entre le besoin de lutter pour ma nouvelle famille d'adoption et aussi de garder pour moi cette petite bulle intacte du regard néfaste des autres. Je me suis renseignée, j'ai affiné mon avis sur la question, je commençait à me passionner pour les femmes couillues à travers l'Histoire, souvent lesbiennes d'ailleurs. Comment elles, comment moi comme elles,   peuvent changer un peu du Monde et nous le rendre plus rose pour demain. Il faut dire qu'artiste ratée de ma condition, gueuler pour la Révolution, c'était un peu mon passe-temps favori  !
Des quelques mois qu'il restait de Lycée, autant y aller franco, gros coming-out. De toutes façons, j'me tire à Paris dans pas longtemps, on va dire que c'est un coup d'essai avant la capitale. Mis à part une copine qui s'est subitement mise à pleurer, baignant ses encouragements et congratulations de sanglots, réaction légèrement bipolaire vous conviendrez, tout s'est passé en douceur. Les super-copines ne s'en doutaient pas du tout : faut dire que je suis du genre jupe courte, ongles peinturlurés et gros trait d'eyeliner, la marque de fabrique Tata depuis 2004. En plus, j'avais déniché un pseudo-mec via un site de rencontres, qui fou amoureux de moi, voulait traverser la France - il habitait Caen - pour venir me voir. Ce à quoi je répondais que j'étais très satisfaite de son petit texto câlin-je-te-love du matin en échange d'un matage de nichons par cam le soir, que je voulais pas le voir. Pas folle la Tata, les petites attentions mais pas le mec.
Non vraiment, c'était pas possible de s'en douter. Mais ça ne les a pas étonné non plus. Après tout, j'ai toujours été une originale, et s'il fallait une première lesbienne dans l'Histoire du Pyrénées High School Gossip, j'étais funky fresh pour le rôle !

Et donc ?
Et non, pas de coup de foudre pour ma camarade de classe, ni de premier coup avec une pétasse sans scrupule qui m'aurait manipulée. Etre gay, ça a commencé tout naturellement. C'était la réponse à une question en suspens, non formulée. Ma première love-story était honnête, sincère. Mes potes étaient compréhensifs, heureux pour moi. Mes parents l'ont eu un peu dure, mais bon, le bonheur des enfants avant tout  ! J'ai vraiment eu de la chance d'avoir tous les paramètres réunis pour qu'il n'y ai pas de vague, que d'la moule. Avec ma super valise chargée à bloc et un aller sans retour avec la caisse du frangin, Paris here I am !
J'intègre une école de business d'art fort sympathique, sort dans mon premier club lesbien. Le mythique Pulp, selon une très bonne amie rencontrée sur Gayvox. Pour la première fois de ma vie, je vois deux nanas s'embrasser pile devant moi, et même si j'avais déjà été en couple, ça avait quelque chose d'interdit. Je me sentais relativement vierge entre les goulues embouchades et Marie-Thérèse, 42 ans, qui me drague au bar. Hmm, Tata, 18 ans, pas intéressée.
Fraîchement arrivée à Goudouland, j'étais quand même pas super convaincue du big fat coming-out. Après tout, ce que je fais dans mon pieu ne regarde que moi, et déjà que j'ai une poitrine énorme, si en plus je dis que je suis gay, je finis d'achever mon pervers de maître de stage. Ménageons le pauvre homme... Finalement, je le dis à ma classe, au détour des conversations, sans plus de fioritures ni revendications. La politique, c'est pas mon truc. Et je prends goût à cette vie que je ne dévoile que si on me le demande. Les hétéros, eux, ils parlent de plein d'autres choses que le sexe, que l'amour + sexe, voir amour + sexe + drugs le samedi soir à 8h du mat. J'ai d'autres ambitions dans la vie... Je me balade dans le milieu, découvre l'esprit. Il me déçoit un peu car c'est de la chasse à l'état pur, il n'y a pas vraiment de place pour le naturel. Bien sur, il y a des filles comme moi paumées au milieu des Diane Chasseresses, mais la mayonnaise ne prend pas. J'essaye un peu les bars, et c'est encore pire car il y a moins de bruit, donc je suis obligée de les écouter réciter leurs stratégies dragouille sans pouvoir me regarder dans les yeux. Moi, dans la vie, je sais que ça semble étrange, et dépaysant, mais j'aime les choses simples, authentiques, évidentes. Je n'aime pas m'embarrasser d'apparence. Donc je ne m'embarrasse pas de l'adresse des bars. Comble de l'ironie, mon école se révèle être un nid à filles, avec l'avantage qu'on aime toutes l'art, les bouquins poussiéreux..  Ouiii, d'accooord, c'est un peu me prendre par les sentiments un plan drague sur fond de Nietzsche et Picasso. Ca pue le plan drague aussi, ok,  d'accord, mais y'a pas à dire, le seul moyen de me dresser le bouton d'or, c'est la masturbation intellectuelle..
Mais dans ma petite vie de lesbienne pirate, il n'y a pas grand chose qui aide mon prochain. D'où l'idée de ce blog. Car comme Jenny Shecter, comme moi, il y aura une autre nana qui se pose des questions qui va taper sur google " lesbienne " avec le code parental activé pour ne pas tomber uniquement sur des photos du Mont Vénus en 4 par 3. Et elle verra qu'être lesbienne et le vivre bien, tranquillement, c'est possible.